28 novembre 2024

Avis manga : Père Fouettard Corporation – Tomes 1 à 3

Arrêt sur un titre à (re)découvrir en cette fin d’année : Père Fouettard Corporation. La mangaka derrière ce titre, NAKAMURA Hikaru, est déjà connue en France, avec sa série à succès « Les vacances de Jésus et Bouddha ». Comme chaque fin d’année, un nouveau tome de Père Fouettard Corporation sort chez les éditions Kurokawa (cette année, il s’agissait du tome 6). La série comptabilise 7 tomes au Japon et est toujours en cours, de quoi nous rassasier pour encore quelques Noël !

Les coulisses (sombres) de Noël

Au Japon, c’est la crise. Pas facile d’avoir un boulot quand on n’a pas de diplôme. Miharu Hino, 22 ans et abonné aux CDD pourris, en sait quelque chose. Et le Père Fouettard, vous connaissez ? Celui qui se balade à Noël avec un fouet et un grand sac pour y plonger les vauriens. Bien loin d’être un affreux moutard, notre héros se retrouve malgré lui au fond du sac du père Fouettard, en route pour le pôle Nord ! Il y découvre alors le véritable visage de Noël

Comme le titre l’indique, l’entreprise du Père Noël est tombée entre les mains du Père Fouettard (et nous en découvrons les raisons au fur et à mesure). Fini les paillettes, fini les étoiles dans les yeux, finie la féérie de Noël avec les joyeux lutins et jolis rennes qui s’activent tous ensemble pour apporter les cadeaux à temps aux enfants. Il s’agit ici plutôt d’une grosse entreprise aux allures multinationales … un rythme d’usine avec un travail à la chaine, des employés qui dorment et vivent sur place pour optimiser leur temps de travail, des observations quotidiennes, qui frôlent l’espionnage, des enfants, des complots pour succéder à la hiérarchie … et surtout une mascotte avec le visage du colonel KFC (clin d’œil régime capitaliste hhm ?). Bref, vous l’avez compris, il n’y a plus rien de mignon. Et ce titre, au contraire, met en avant plein de petits vices de la société, mais toujours avec ce trait d’humour qui nous fait sourire (ou grincer des dents parfois !).

Père Fouettard Corporation : un titre intelligent et original

Honnêtement ce titre est une sacrée surprise. Moi qui pensais trouver quelque chose de léger, compte tenu du thème abordé. Eh bien, comme on dit, « l’habit ne fait pas le moine » … quoiqu’un peu ici tout de même avec le Père Fouettard. Un coup de crayon un peu hésitant et irrégulier, mais qui se déploie parfois sur de superbes double planches ! Le point fort de ce titre est clairement dans sa narration rondement maitrisée.

La construction narrative et le parallélisme faits avec notre société autour du thème de Noël sont extrêmement bien menés. Ce n’est pas seulement un enchainement de faits dénonciateurs ou de constats, il y a tout un récit développé autour des personnages et de leur histoire. La palette des personnages vient apporter une richesse énorme à toute cette comédie (et oui il ne faut pas oublier que ce titre surfe en continu sur une vague humoristique). Même si je n’ai pas ri à gorge déployée, j’ai été sensible aux notes décalées et aux situations incongrues dans lesquelles se retrouve notamment notre héros Miharu.

Après ma lecture des 3 premiers tomes, le récit est encore plein de mystères, et me donne vraiment l’eau à la bouche. Je me suis surprise à être, à de nombreuses reprises, complètement engloutie par le récit et me dire « ah oui c’est franchement bon quand même ». Au-delà de ses apparences enfantines, féérie de Noël, etc… ce manga repose sur un socle encore obscur, mais qui me semble bien plus sérieux et cruel qu’il n’y paraît. L’humour permet parfois de faire passer la pilule plus facilement quand on découvre certains agissements qui dépassent l’entendement de cette entreprise peu scrupuleuse !

Un Père Noël mystérieusement absent, une entreprise de Noël aux allures d’une multinationale, un héros désespéré, voilà le plot de ce titre qui m’a fait une excellente première impression ! Une narration qui tient la route, un univers construit et réfléchi, et un humour qui fonctionne ! Vivement Noël pour qu’on m’offre la suite !

Ma note : 16/20
A bientôt,
Chloé