Une chronique sur une sortie récente discrète mais qui, pourtant, mérite toute notre attention : Nebelheim. Comment en sommes-nous arrivés là ? Jetez un œil à la couverture et vous comprendrez de suite … Avec un rapide coup d’œil aux planches et au synopsis, il n’en fallait pas plus pour que je reparte avec. Il s’agit d’un Global-Manga (titre réalisé par un auteur occidental, comme Oneira par exemple), édité par les éditions Clair de Lune. Aux commandes, aussi bien du scénario que du dessin, l’auteur Andras pour lequel Nebelheim est sa 1ère œuvre éditée. Nebelheim arrive en France en mai avec son tome 1, dont la suite devrait être pour la fin de l’année 2023.
Le Nebelheim, un monde sombre et effrayant
Un jeune garçon se réveille dans un endroit inconnu sans souvenir de ce qui l’y a conduit. Le Nebelheim : une forêt brumeuse où l’air, le soleil, le temps n’existent pas, et où des créatures aberrantes errent dans la pénombre en quête d’âmes à engloutir. En tentant de fuir ces bois cauchemardesques le garçon croisera la route de plusieurs personnages étranges, et qu’ils soient pris au piège ici depuis des mois ou des siècles, qu’ils soient bienveillants ou non, tous affirment la même chose : Nul ne peut en sortir.
Tout d’abord, en terme de narration, j’ai été agréablement surprise. Tous les éléments introductifs s’imbriquant bien (avec quelques rapidités mais rien de notable ou de gênant), on saisit rapidement les enjeux de l’intrigue et l’univers qui se forme tout autour. Une dynamique très intéressante où on essaie de lier le rationnel avec le surréaliste/fantastique. Le récit revêt alors un caractère similaire à celui d’une comptine (effrayante), avec l’existence d’un endroit sombre où n’existent que la peur et la mort … De manière générale, je suis très sensible aux univers fantastiques, et d’autant plus lorsque cet univers est travaillé à un point qu’il te fait douter de son existence. Nebelheim est ce genre d’univers. Existe-t-il ? Et pourquoi ? Pour qui ?
La palette de protagonistes est plutôt classique, mais ça fonctionne donc pourquoi s’en priver encore une fois ? Les antagonistes ont la tête de l’emploi, et leur charadesign est terriblement efficace. La touche d’originalité venant indéniablement du folklore ni nippon, ni français, mais plutôt de l’Est (?). A travers les noms de personnages et de l’origine du Nebelheim, on ressent tout un folklore peu commun dans le manga. Une inspiration aux origines slaves ? Les limites sont floues, nous avons du mal à nous repérer dans ce monde où sont absents nos référentiels classiques de lecture. Lors de ma découverte, je n’ai pu m’empêcher de faire des parallèles avec certains jeux de rôle suédois, avec notamment tout ce bestiaire horrifique. Et ça j’adore ! Ça revisite totalement ce genre de récit qu’il peut nous arriver de retrouver ailleurs. Et puis avouons-le, c’est très bien maitrisé !
A noter également tout le travail effectué sur l’ambiance et esthétisme de ce manga. L’horreur y est brillamment retranscrite et nous saisit à la gorge dès les premières cases …
Des planches alimentées par un coup de crayon noir, incisif et sensationnel
A travers ce 1er tome, le seul point noir que je vois c’est l’édition. Non pas au niveau de l’impression, ni du papier ou encore moins du travail de la jaquette. Mais clairement au niveau du format. Le format proposé pour ce titre est ridiculement petit alors que nous avons un dessin SUPERBE !
Un plus grand format aurait tellement rendu justice à ce coup de crayon des plus percutants ! Et oui, c’est complétement la signature graphique qui m’a frappée en 1er lieu et poussée à l’achat. Très nerveux et charbonneux, le dessin rend de suite l’atmosphère très étouffante. Il en devient même effrayant. Torturé. Les monstres, aux contours crayonnés, appellent à l’imagination et à l’interprétation… un imaginaire d’épouvante. Celui qui est, finalement, le plus terrifiant.
Le découpage des planches est audacieux et dynamique, offrant la possibilité aux monstres de sortir des cases et de se rapprocher un peu plus du lecteur…
Quelle excellente découverte ! Nebelheim est un genre et univers à part. Un récit horrifique travaillé et percutant, accompagné d’un dessin noir et nerveux sensationnel. Ma note : 16.5/20.
A bientôt,
Chloé