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Dossier : 5 Seinen a Lire Absolument

5 seinen à lire absolument !

Présentation de 5 Seinen à lire absolument, pas forcément les plus originaux, ni les plus classiques, mais 5 séries à absolument posséder dans votre mangathèque si vous êtes amateur du genre.

Blame!(Tsutomu NIHEI)

« Peut-être sur terre…Peut-être dans le futur« 

On commence part un des piliers de la SF Japonaise, Blame!

l'immensité par Nihei
l’immensité selon Nihei

Nihei, ancien architecte à New-York reconverti dans le manga à son retour au Japon, nous livre ici ce que la SF fait de mieux, empreint de mystère, de références a des standards du genre (notamment à Enki Bilal, Otomo, Giger et Clive Barker) et de décors aussi tortueux que somptueux. L’auteur nous livre une épopée dantesque sur les pas de Killee, un cyborg à la recherche d’humains possédant les  » gènes d’accès réseaux« . On suit donc le « héros » errant dans un monde labyrinthique composé d’innombrables niveaux, ou l’organique et la robotique ne font qu’un et ou ces derniers sont maîtres de lieux.

L’art de Nihei

Graphiquement, rien ne ressemble à Nihei, car Nihei fait du Nihei. Une maîtrise des décors titanesques qui retranscrivent comme personne ce sentiment d’immensité, que notre héros n’est qu’un grain de sable dans l’immensité des milliers de niveaux composant la planète. L’auteur passe d’une case avec un visage effectué de manière laxiste à une double planche atteignant la quasi-perfection. Et ça, c’est Nihei.

Le monde labyrinthique de Blame!

 

Autre caractéristique de l’auteur, l’entretien du mystère, la mise à contribution des lecteurs pour percer ceux-ci. Dans Blame! Rien ne nous arrive tout cuit dans la bouche, on nous oblige à chercher, interpréter, à faire fonctionner nos neurones, mais la encore, rien de frustrant dans l’exercice. Je ne m’étalerais pas (tout de suite du moins) dans les liens avec certaines de ces autres œuvres qui multiplient encore les niveaux de lecture, et pour ça, on touche au génie ! 

Un manga à posséder absolument, avec une pâte graphique incroyable et complètement unique, ou l’absence de réponses forcent le lecteur à développer son propre niveau de compréhension de l’œuvre. Je ne peux que vous conseiller de voir la vidéo d’Alt236 sur YouTube, qui finira elle par vous convaincre si ces quelques lignes ni sont pas parvenues.

Lien de la vidéo en question : https://youtu.be/HiKr0-vZSIM

Dorohedoro (Q. Hayashida)

nikaido & Caiman

 

On continue avec un voyage au cœur de la folie avec Dorohedoro, de Q. Hayashida. Autrice aussi mystérieuse que fantasque, a l’image de son manga que j’aime qualifier de Magic punk en opposition à Cyber punk. On suit ici les aventures de Nikaïdo et Caïman, ce denier est à la recherche d’un mage lui aillant changé la tête, en tête de caïman du coup.

Son problème ? Il n’a aucun souvenir de sa vie pré-transformation.

Ses moyens pour y arriver ? Une force gargantuesque, une immunité à la magie et un mystérieux être au fond de la gorge, qui lui, semble savoir qui est responsable de ce méfait.

Sa méthode ? Mettre un maximum de têtes de mages (vivant) dans sa gueule pour les soumettre à la question de ce mystérieux être ayant élu domicile dans sa gorge.

Dorohedoro, l’antre de la folie

La mangaka nous livre pour agrémenter cette histoire loufoque un univers qui ne l’est pas moins, avec une galerie de personnages plus excentriques les uns que les autres, un univers complétement déjanté, des antagonistes qu’on aime détester, puis aimer. Pour l’aspect esthétique, c’est… Punk ! Énervé ! Chaotique ! Du « je m’en foutisme » beau à en crever, bref, un style graphique en parfaite osmose avec l’essence du manga, un coup de maître, de maîtresse même !

 » C’est ça, Dorohedoro ! »

Gannibal (Masaaki NINOMIYA)

« Les habitants de ce village sont cannibales. » Daigo Agawa, policier de son état, a été détaché à Kuge, un village de montagne reculé. Bien que la communauté l’accueille chaleureusement lui et sa famille, la mort d’une vieille villageoise fait jaillir des doutes quant à la normalité de ce lieu... »

c’est un ours qui a fait ça

Le décor est planté. Gannibal, c’est un seinen à part il vous prend aux tripes, je me rappelle avoir lu le tome 1 dans le train en rentrant chez moi, et l’avoir refermé avec un réel sentiment de malaise, tout en ayant cette volonté de connaître la suite. Le  » problème  » de Gannibal, c’est que tout est  » trop  » juste, parfait et réel, le manga parvient parfaitement à retranscrire le sentiment d’oppression, de doutes quand aux pratiques du village, d’ostracisme ressenti par Daigo. L’énigme quant au supposé cannibalisme du village est entretenue de manière intelligente par l’auteur, nous maintenant en haleine, sans précipiter l’intrigue.

Gannibal, ou comment sublimer la tension dans un seinen

Les dessins, que dire ! Ils sont sublimes, justes, précis, beaux. Le comportement humain, les expressions, sont retranscrits de manière admirable ainsi que la sensation de tension qui joue énormément dans l’intensité du manga. Quant au découpage, il rend l’œuvre quasi-parfaite, digne des plus grands thrillers. Tout est millimétré, rien n’est laissé au hasard. La performance est telle qu’on en oublierait presque que c’est le 1er manga de l’auteur. Il serait vraiment dommage de passer à côté de cette petite pépite du thriller manga.

l’art de la mise en scène horrifique

 

Manchuria Opium Squad (Tsukasa MONMA – SHIKAKO)

les fleurs de la discorde

 

Ou « Breaking Bad au pays des Manchous », on y suit Isamu Higata, un jeune Japonais parti servir dans l’armée du Guandong pendant l’ère Shôwa. Revenu du Front suite à une blessure à l’œil, celui-ci se retrouve à travailler dans le corps agricole volontaire, un terrain d’expérimentation géant dont le but était la production de vivre pour l’armée et l’amélioration des techniques agricoles. Pour sauver sa mère contaminée par la peste, Le héros se met en quête d’un revenu pour acheter les médicaments nécessaires a ses soins, et tombe sur un champ de pavot, caché au sein même du terrain d’expérimentation. Il décide donc, avec ses connaissances en chimie, de se lancer dans la fabrication d’opium. Les conséquences de cette décision et ce que cela va engendrer appartiennent à l’histoire et vont faire basculer cette Mandchourie instable politiquement.

Difficile de ne pas faire le lien avec la série Breaking Bad, mais la comparaison s’arrête la, car on va passer ici de l’histoire d’un sauvetage désespéré, a un roman sombre, empreint de violence, sur le monopole de l’opium en Manchourie. Dans ce manga, la cruauté et la perte de foi en l’humanité sont de mise, cruauté qui n’est pas sans rappeler les cartels de drogues encore en activité et l’engrenage de la violence dans lequel entraîne le commerce de ces substances.

L’esthétisme de la folie

L’auteur fait preuve d’un trait fin, sauf quand il est justement question de sublimé cette violence, la cruauté humaine ou encore l’état de dépendance dans lequel l’opium peut plonger l’être humain. Dans les dites scènes, le trait devient agressif, emplit de malaise, et montre admirablement bien l’état de folie dans lequel l’opium plonge les habitants de Mandchourie. Ce seinen n’en est qu’au tome 5, mais avec une telle qualité en si peu de tomes, je ne peux que vous la recommander chaudement.

Quand l’opium est un protagoniste à part entière

 

Léviathan ( Shiro KUROI )

« Los Famosos » pilleurs d’épave

On suit initialement 3 pilleurs d’épaves, s’introduisant dans un vaisseau à la dérive. Un des membres découvre le journal de Kazuma, collégien en voyage scolaire en direction de Proxima du centaure. À la lecture de ce dernier, il découvre que l’épave est restée figée dans cette partie de l’espace à cause d’une suite d’événements et d’anomalies la condamnant à n’espérer aucun secours. Une explosion perçant la coque, impossibilité d’appeler les secours et pour parachever l’enchaînement de catastrophes, un seul caisson de cryogénisation disponible pour l’ensemble des occupants de la barge. Comme vous vous en doutez, cette histoire va finir en énorme « Battle royal » entre collégiens, mais va t’on justement verser dans la battle royal classique de collégiens maintes fois traité ? Sûrement pas !

Web master de profession, Kuroi nous livres une histoire somptueuse avec Léviathan, quand l’instinct de survie instille la folie dans la tête du plus innocent des collégiens. Le traitement psychologique de ces derniers est maîtrisé et juste, ainsi que les transitions avec les pilleurs qui marchent sur les traces des élèves et découvrent l’horreur au fur et à mesure de leur exploration.

L’esthétique poussée à son paroxysme

 La ou le manga fait fort, c’est dans son traitement artistique, je vous le dis en mille, Léviathan ne ressemble à aucun autre manga ! L’impression est donnée d’assister à la rencontre de Gustave Doré et Katsuhiro Otomo, et ça fonctionne. Les décors, plans, traitements des personnages, la multiplication de petits traits pour texturer ses dessins, cet ensemble donne un œuvre graphique unique. Le tout sublimé par une très belle édition de Ki-oon. Un must have de cette année 2022. Un seinen à posséder absolument !

Merci d’avoir lu cette recommandation jusqu’au bout, on se retrouve très bientôt pour la partie 2, n’hésitez pas à mettre dans les commentaires de l’article, vos recommandations à vous.

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